À la suite d’un incendie domestique survenu dans une maison à Villeneuve-lès-Maguelone, dans l’Hérault, les pompiers sont intervenus rapidement pour éteindre les flammes. L’incendie, bien que contenu dans une partie de l’habitation, a nécessité une opération dite « éteinte et noyée ». Autrement dit, non seulement le feu a été éteint, mais les zones touchées ont été abondamment arrosées pour éviter toute reprise des braises.
À première vue, l’intervention a été efficace : plus de flammes, plus de fumée, et la structure du bâtiment semblait avoir résisté. Mais un incendie laisse toujours des traces. Des traces invisibles à l’œil nu, mais bien réelles dans l’air que l’on respire. C’est pour cela qu’un audit de la qualité de l’air intérieur a été commandité par les occupants avec l’appui de spécialistes de l’environnement.
Un incendie ne se limite pas à brûler les objets : il transforme les matériaux, les dégrade, et les fait réagir chimiquement. Des substances contenues dans les meubles, les revêtements de sol, les peintures, les plastiques ou encore les tissus libèrent alors dans l’air des produits toxiques. Même après extinction, ces polluants restent dans l’environnement intérieur : ils s’infiltrent dans les murs, les cloisons, les textiles… et surtout dans l’air que les habitants respirent.
Dans ce cas précis, la maison semblait habitable après nettoyage. Pourtant, des odeurs persistantes de fumée planaient, et certains membres de la famille avaient commencé à ressentir des maux de tête, une toux inhabituelle et une sensation d’irritation dans les yeux.
Ces signaux d’alerte ont motivé la réalisation d’un audit complet de la qualité de l’air intérieur.
Après un incendie, plusieurs polluants peuvent s’installer durablement dans le logement :
Composés organiques volatils (COV) comme le benzène, le formaldéhyde, ou l’acroléine.
Particules fines (PM2.5 et PM10) qui s’infiltrent profondément dans les voies respiratoires.
Gaz toxiques tels que le monoxyde de carbone ou les oxydes d’azote.
Résidus acides ou composés corrosifs provenant de plastiques brûlés.
Et, dans le cas d’une maison inondée ou très humidifiée pour éteindre l’incendie, le risque de moisissures vient s’ajouter à la liste.
Ces polluants peuvent provoquer des troubles aigus (irritations, maux de tête, toux sèche, essoufflement), mais aussi, à moyen ou long terme, des pathologies plus graves : troubles respiratoires chroniques, affections allergiques, voire cancers en cas d’exposition prolongée à certains composés.
Pour évaluer la qualité de l’air, des professionnels sont intervenus avec des outils de mesure spécifiques. L’audit s’est déroulé en plusieurs étapes :
Inspection globale du logement
Un état des lieux a permis d’identifier les zones les plus touchées, les matériaux carbonisés, les cloisons encore humides, et les circuits de ventilation potentiellement obstrués.
Mesures sur site
Des capteurs ont été installés dans différentes pièces de la maison, y compris dans celles qui n’avaient pas été directement touchées par le feu. Les paramètres analysés incluaient :
Teneur en COV (composés organiques volatils)
Concentration de particules fines
Monoxyde de carbone et dioxyde d’azote
Humidité relative et température
Présence de spores fongiques dans l’air
Évaluation de la ventilation
Le système de ventilation (VMC) a été contrôlé. Dans cette maison, il a été constaté qu’il ne fonctionnait plus correctement depuis l’incendie, ce qui favorisait la stagnation des polluants.
Les résultats ont révélé une situation préoccupante :
Des taux de formaldéhyde et de benzène dépassant les seuils recommandés pour une exposition prolongée.
Une quantité anormalement élevée de particules fines, même plusieurs jours après l’événement.
La présence de moisissures derrière des parois murales humidifiées pendant l’intervention des pompiers.
Une odeur résiduelle de suie encore perceptible dans les textiles et certains meubles, preuve d’une contamination persistante.
L’audit a débouché sur une série de recommandations précises et indispensables avant toute réintégration des lieux :
Débarras de tous les matériaux poreux touchés : moquettes, matelas, rideaux, plafonds en plaque de plâtre, etc.
Assèchement intensif du bâti, avec usage de déshumidificateurs industriels pour éviter le développement de moisissures.
Ventilation renforcée pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines, à l’aide de systèmes temporaires.
Nettoyage en profondeur avec des produits spécifiques non toxiques, adaptés aux résidus de combustion.
Contrôle final de la qualité de l’air avant autorisation de réoccupation.
Cet incident à Villeneuve-lès-Maguelone illustre parfaitement un risque encore trop méconnu : celui de la pollution intérieure post-incendie. Il ne suffit pas d’éteindre le feu pour garantir un retour à la normale. L’air, bien que transparent, peut devenir un vecteur invisible de substances très dangereuses.
Les familles, souvent sous le choc émotionnel et pressées de retrouver leur domicile, ont tendance à négliger ces dangers. Pourtant, les conséquences peuvent être sérieuses, surtout pour les jeunes enfants, les personnes âgées ou les personnes souffrant de maladies respiratoires.
Dans ce cas, l’audit a été crucial pour prévenir des troubles de santé à moyen et long terme. Il a permis de prendre des décisions éclairées, d’engager les travaux nécessaires et de garantir un retour dans le logement en toute sécurité.